jeudi 31 octobre 2013

 Le typographe, Bruxelles


25

L'air monte
bleu
balayant la distance
de la place pour
rester
sans bouger
longtemps
au bord de


Rosmarie Waldrop, Comme si nous n'avions pas besoin de parler, Harpo &




mercredi 30 octobre 2013

Le jardin.
       Lumière du soleil.
       Il dévale le chemin envahi par les herbes.
      - Attends! dit-elle. Attends-moi, s'il te plaît!
      Il s'arrête, haletant.
      Elle se tient à ses côtés.
      - Viens, dit-elle. Je veux que tu t'allonges. Je veux que tu t'allonges avec moi sur l'herbe.



La pièce.
      La fenêtre.
      Il se tient à la fenêtre.
      Et une voix dit : Tout passe. Le bien et le mal. La joie et la peine. Tout passe.


Gabriel Josipovici, Tout passe, traduit de l'anglais par Claro, Quidam éditeur

mardi 29 octobre 2013


                                                                                                                    
Une lecture d'Alphabet et à la surface de Dorothée Volut,Éric Pesty éd. sur Sitaudis






lundi 28 octobre 2013

oKtober Song

Créer un document vierge
le premier jour où je fus en vie
je m’en souviens là juste
au creux de sa poitrine j’élude

une fois puis deux pas trois
comme on ouvre le bal
ma bouche s’ouvre comme
pas deux tu

sais y glisser les doigts
et que ça s’ouvre
à l'envie je m’en souviens
Créer un document vierge

le premier jour où je suis en vie
ma bouche a le goût
qui s’ouvre en creux
une fois puis deux pas trois

à la vie je nous 
toi fois trois
tralala

K. D.
 

dimanche 27 octobre 2013







Just a perfect day
Drink sangria in the park
And then later, when it gets dark, we'll go home
Just a perfect day
Feed animals in the zoo
Then later a movie too, and then hoOh it's such a perfect day
I'm glad I spent it with you
Oh such a perfect day

You just keep me hanging on
You just keep me hanging on 



Just a perfect day
Problems all left alone
Weekenders on our own
It's such fun

Just a perfect day
You make me forget myself
I thought I was someone else 

Someone good
You're going to reap just what you sow
You're going to reap just what you sow
You're going to reap just what you sow
You're going to reap just what you sow



in memoriam Lou Reed

jeudi 24 octobre 2013


On se dit que si nous pouvions à nouveau les faire, ces gestes si simples et si fabuleux, on les ferait, tout de suite, et plutôt deux fois qu'une. On n'arrêterait pas de s'offrir aux caresses, de voir et revoir La Nuit, La Voie lactée, Profession reporter, Catherine Deneuve dans Belle de jour, Humphrey Bogart dans Casablanca, de boire du champagne et des margaritas, de marcher dans Central Park, d'y faire du patin à glace, de s'acheter des jacinthes, des chaussures et des billets d'avion, d’essayer des chapeaux, de rêver sur des kimonos, d'emplir sa chambre de fleurs des champs, de la livrer au plus grand désordre, d'en faire l'antre des métamorphoses, de changer d'adresse comme de chemise, de se souvenir de ses rêves, de ne pas s'empêcher de pleurer, de parler avec des inconnus, de s'enfuir des conférences et des théâtres où l'on s'ennuie, de prendre au hasard n'importe quel autobus, de lire au lit, de se peindre les ongles, de contempler des photographies de Kertész, des tableaux de Tiepolo, Goya, Twombly, Balthus, Mondrian, Caspar David Friedrich, de descendre, en plein soleil, dans la poudreuse, des pentes qui n'en finissent pas, de manger des cerises, de nager dans toutes les mers et de goûters tous les vins, de commander d'immenses plateaux de fruits de mer et de les dévorer sous l’œil rond du Gobeur d'oursins de Picasso...


Chantal Thomas, Comment supporter sa liberté, Rivages

mercredi 23 octobre 2013


À regarder par la fenêtre le paysage sans pouvoir rester on se lève. Quelqu'un a décroché le miroir et l'on s'en amuse - tard qu'il est dans la nuit. À force de ne pas vouloir gommer, quelque chose tombe et s'arrête. Mange le fruit. Je voudrais. Je ne voudrais vouloir, mais tendre. Tendre un bâton un rameau une écorce, une chair. Passer je perds mes habitudes. Le corps me continue de travers, des aires et des lumières séjournantes. Les champs de coquelicots apaisent, la voiture transporte, le panneau indique. J'attends l'honnêteté alors j'ai froid et elle devient la solitude. On tape dessus pour la faire rentrer dans le mur comme la pancarte qui indique le château à visiter. C'est jour de fête, l'entrée sera gratuite pour les vivants.

Dorothée Volut, ALPHABET, Éric Pesty éditeur


lundi 21 octobre 2013

entre chien et loup
 
Não sou nada.
Nunca serei nada.
Não posso querer ser nada.
A parte isso, tenho em mim todos os sonhos do
mundo.


Je ne suis rien.
Je ne serai jamais rien.
Je ne peux vouloir être rien.
A part ça, je porte en moi tous les rêves du monde.
 
 
Fernando Pessoa, TABACARIA, Poesias de Álvaro de Campo
En attendant le jour 


"Debout au milieu de la véranda j'écoutais en silence le crépitement de la neige. Je grappillais des boules en regardant mes doigts. Quelques allumettes flambaient. Seule dans ma chambre froide, je confectionnais des poèmes indestructibles que j'offrais en guise de couronnes mortuaires. L'enfance était un puits où je m'abreuvais tous les jours. Les heures passaient. Il n'y eut bientôt plus de lumière."

Dorothée Volut,
à la surface,
Éric Pesty éditeur

Une lecture de Tout aura brûlé de Lucie Taïeb, la mienne... 
à la vôtre


dimanche 20 octobre 2013

Lille-Paris A/R

"Il existe un lieu qui détruit les histoires. Ce n'est pas qu'il soit opposé ou seulement indifférent à la parole. Il la produit, au contraire, et la détruit dans un même mouvement. Ce lieu n'existe que d'être traversé."

Philippe Rahmy, Béton armé, La Table ronde, p. 61

jeudi 17 octobre 2013



Afficher votre profil ...



Je me sens comme si j'avais déjà secrètement atteint ce que je voulais, tout en continuant de ne pas savoir ce que j'ai atteint. 
Est-ce que c'est cette chose plutôt équivoque et distante qu'on appelle vaguement "expérience"?


Clarice Lispector forever

mercredi 16 octobre 2013

Ce bien étrange bonheur...


Je sais nager, je sais voler. Formidable. Qu’est-ce que ça veut dire ? 
C’est tout simple : ne pas savoir nager, c’est être à la merci de la rencontre avec la vague. Alors, vous avez l’ensemble infini des molécules d'eau qui composent la vague ; ça compose une vague et je dis: « c’est une vague » parce que ces corps les plus simples que j’appelle « molécules », en fait, ce n’est pas les plus simples, il faudra aller encore plus loin que les molécules d’eau. Les molécules d'eau appartiennent déjà à un corps, le corps aquatique, le corps de l’océan, etc., ou le corps de l’étang, le corps de tel étang. C’est quoi la connaissance du premier genre ? C’est : "aller, je me lance, j’y vais", je suis dans le premier genre de connaissance : je me lance, "je barbote" comme on dit. Qu’est-ce que ça veut dire « barboter » ? Barboter, c’est tout simple. Barboter, le mot indique bien, on voit bien que c’est des rapports extrinsèques. Tantôt la vague me gifle et tantôt elle m’emporte ; ça, c’est des effets de choc. C’est des effets de choc, à savoir : je ne connais rien au(x) rapport(s) qui se compose(nt) ou qui se décompose(nt), je reçois les effets de parties extrinsèques. Les parties qui m’appartiennent à moi sont secouées, elles reçoivent un effet de choc des parties qui appartiennent à la vague. Et alors tantôt je rigole et tantôt je pleurniche, suivant que la vague me fait rire ou m’assomme, je suis dans les affects-passion.


Gilles Deleuze, une transcription du cours du 17 mars 1981 (Vincennes)

mardi 15 octobre 2013

Parce que sa voix et ses mots scintillent... boucles précieuses dans ma tête et sur mes lèvres : Bill Callahan, aKa SMOG




lundi 14 octobre 2013


"Je continue pour justifier le manque. J'aligne des flopées d'inerties. Je reste là, brisée en petites phrases. Des événements ont eu lieu, j'ai dû dériver entre-temps. Mais vous - comment vivez-vous le phénomène de la déportation?"
 

Dorothée Volut, à la surface, Eric Pesty éditeur



J’ai vu la terre, la montagne et la mer. J’ai vu des lacs, des fleuves, des rivières, des russeaux, des torrents, des cataractes. J’ai vu des volcans. J’ai vu des estuaires, des côtes, des îles, des continents. J’ai vu des grottes, des canyons, des chapeaux de fées. J’ai vu des déserts, des plages, des dunes. J’ai vu le soleil et la lune. J’ai vu des étoiles, des comètes, une éclipse. J’ai vu la Voie lactée. Je n’ai plus dix ans.


Édouard Levé, Autoportrait, P.O.L

vendredi 11 octobre 2013




a poeM by e. e. cummings, 1958


"La solitude ne naît point de ce que l'on n'est pas entouré d'êtres, mais bien plus de ce que l'on ne peut leur communiquer les choses qui nous paraissent importantes."

C. G. Jung

jeudi 10 octobre 2013



07:07
Heure d'ensoleillement: 0h
la couleur est posée


humidité 83%
ciel morose
different chades of


Earl Grey
ciel morose
fortes pluies


29km/heure
ciel morose
Indice de confiance: 4/5


K.D

mardi 8 octobre 2013


« Je voudrais faire une œuvre où j'irais dans les Alpes et parlerais à la montagne. La montagne me dirait des choses qui sont toujours et nécessairement vraies, et je lui répondrais des choses qui sont parfois et accidentellement vraies. » 

Jan Bas Ader, né le 19 avril 1942 à Winschoten, Pays-Bas. Disparu en mer entre Cap Cod et l'Irlande en 1975

lundi 7 octobre 2013

Je déballe ma bibliothèque, suite

A variation around and around A World is round, Gertrud Stein



Fermez les yeux et comptez
une deux
ouvrez les yeux et comptez
une deux
et alors le vert ne sera pas bleu 

around and around

Rose se mit à compter
une deux une deux
et ses yeux étaient bleus
même si son nom était Rose 

around and around

Bien sûr que ses yeux étaient bleus
même si son nom était Rose
Elle préférait toujours le bleu
parce que ses yeux étaient bleus
 Et elle avait deux yeux
et chacun de ses yeux était bleu
était bleu une deux une deux
around and around

Le monde était rond
et dessus il y avait un lac
et le lac était rond.

around and around

Les lacs quand ils sont ronds
ont des fonds
il y a des nénuphars
de jolis nénuphars
des nénuphars blancs et jaunes
et bientôt très tôt
un petit garçon
fut attrapé par eux
en plein dedans
les nénuphars sont jolis
à voir mais
ils ne sont pas jolis
à sentir pas du tout

around and around

Fermez les yeux
et comptez une deux
ouvrez les yeux et
comptez une deux et
alors le vert ne sera pas bleu

around and around