mardi 31 décembre 2013




Árbol de Navidad

Ils vivent chez nous depuis Noël,
Limpides, candides,
Ovales en leur âme animale,
Ils occupent la moitié de l'espace,
Mouvants, se
frottent contre la soie

D'invisibles courants d'air,
Poussent un cri et éclatent
Quand on les attaque, paf, se mettent au repos.
Tête de chat jaune et poisson bleu -
Nous vivons avec de drôles de lunes

ça vaut mieux que des meubles morts!
Des murs blancs, des paillassons
Et ces globes de légèreté,
Voyageurs, rouges et verts
Qui ravissent

Le cœur comme des bons vœux, des paons
En liberté dont une plume
Forgée dans le métal céleste
Bénit notre vieille terre.
Ton petit frère

Fait couiner
Son ballon comme un chat.
Est-ce parce qu'il voit
De l'autre côté un monde rose qu'il l'amuserait de manger,
Il mord

Et se rassoit,
Cruche rebondie,
Pour contempler un monde clair comme de l'eau.
Un lambeau rouge
Serré dans son petit poing.


Sylvia Plath (in Ariel, 5 février 1963)

dimanche 29 décembre 2013

D.R.


Dans le chant de ma colère il y a un œuf,
Et dans cet œuf il y a ma mère, mon père et mes enfants,
Et dans ce tout il y a joie et tristesse mêlées, et vie.
Grosses tempêtes qui m’avez secouru,
Beau soleil qui m’as contrecarré,
Il y a haine en moi, forte et de date ancienne,
Et pour la beauté on verra plus tard.
Je ne suis, en effet, devenu dur que par lamelles ;
S’il l’on savait comme je suis restée moelleux au fond.
Je suis gong, et ouate et chant neigeux,
Je le dis et j’en suis sûr 

Henri Michaux, La Nuit remue, 1935

samedi 28 décembre 2013

Bruxelles - Lille

Tout passe

le jour la nuit les amis
le ciel les soleils l'arc-en-ciel
les toiles tendues sur la tombée du jour
les cerceaux d'osier l'enfance les violettes

tout passe ici

les polders les murs de brique
et les usines géothermiques
les cordages amarrés les chansons les gâteaux
les cauchemars et les rêves
 
devant mes yeux

les amours les manèges les cadeaux
les souvenirs et les couleurs
les endroits où la terre commence
et ceux où elle s'arrête

tout passe

les arbres les chevaux les oiseaux
les phares en bout de digue
la poussière les odeurs les images
les parfums

tout passe devant mes yeux

les asphodèles les pivoines
les myosotis le cerisier et les œillets
les bonheurs les mains les chagrins
les mots et les silences

tout passe

le ciel trempé la nuit plombée
la neige la pluie le vent
les sourires et les larmes
les feux de plage et les forêts

devant mes yeux

les ballades à vélos les rires
et les étreintes
les berceuses les câlins porcelaine 
dragées marrons glacés

tout passe 

les vallées les montagnes les herbes
douces la mer et les rivières
les centrales nucléaires
les maisons les couloirs les fantômes

devant mes yeux

le ciel le soleil l'arc-en-ciel
les nuages et les glaciers
la péninsule le figuier les nids de neige
les grains de sable d'anis et de pavot

ici tout passe 

les sentiments jetés en vrac 
dans des sacs mal fermés 
la vie la mort le mouvement
entre ciel et terre

la lumière nos paysages



Katrine Dupérou



 

vendredi 27 décembre 2013

née à Paris le 25 décembre 1911 et morte à New York le 31 mai 2010

lundi 23 décembre 2013

Jean Eustache, 1966

Il aimerait 

s'acheter un duffle-coat 

pour être à la mode 

et séduire 

les filles

mercredi 18 décembre 2013

D.R



Les quelques trésors

qui remontent encore à l’enfance

ça brûle
ça bouge 

ça prend forme



 Unica Zürn, Sombre printemps

mardi 17 décembre 2013

rue des Chats-Bossus, Lille



Elle dit je peux oui
essayer de danser malgré
et l'automne déjà mort

Elle dit danser tourner
faire valser rose poussière
l'hiver et ses déserts

Around and around
malgré le vide le silence
faire valser et la neige 

te regarder tourner et
les cygnes viendront bientôt
manger une à une les étoiles


Katrine Dupérou


jeudi 12 décembre 2013

mardi 10 décembre 2013

Wim Wenders Les Ailes du désir

Lorsque l’enfant était enfant,
Il marchait les bras ballants,
Il voulait que le ruisseau soit rivière
Et la rivière, fleuve,
Que cette flaque soit la mer.

Lorsque l’enfant était enfant,
Il ne savait pas qu’il était enfant,
Tout pour lui avait une âme
Et toutes les âmes étaient une.

Lorsque l’enfant était enfant,
Il n’avait d’opinion sur rien,
Il n’avait pas d’habitude
Il s’asseyait souvent en tailleur,
Démarrait en courant,
Avait une mèche rebelle,
Et ne faisait pas de mimes quand on le photographiait.

Lorsque l’enfant était enfant, ce fut le temps des questions suivantes :
Pourquoi suis-je moi et pourquoi pas toi ?
Pourquoi suis-je ici et pourquoi … pas là ?
Quand commence le temps et où finit l’espace ?
La vie sous le soleil n’est pas qu’un rêve ?
Ce que je vois, entend et sens, n’est-ce pas…simplement l’apparence d’un monde devant le monde ?
Le mal existe t-il vraiment avec des gens qui sont vraiment les mauvais ?
Comment se fait-il que moi qui suis moi, avant de le devenir je ne l’étais pas, et qu’un jour moi… qui suis moi, je ne serais plus ce moi que je suis ?

Lorsque l’enfant était enfant,
Les pommes et le pain suffisaient à le nourrir,
Et il en est toujours ainsi.
Lorsque l’enfant était enfant,
Les baies tombaient dans sa main comme seule tombent des baies,
Les noix fraîches lui irritaient la langue,
Et c’est toujours ainsi.

Sur chaque montagne, il avait le désir d’une montagne encore plus haute,
Et dans chaque ville, le désir d’une ville plus grande encore,
Et il en est toujours ainsi.
Dans l’arbre, il tendait les bras vers les cerises , exalté
Comme aujourd’hui encore,
Etait intimidé par les inconnus et il l’est toujours,
Il attendait la première neige et il l’attend toujours.

Lorsque l’enfant était enfant il a lancé un bâton contre un arbre, comme une lance,
Et elle y vibre toujours. “

PETER HANDKE

jeudi 5 décembre 2013



Sujets de poésies : La capitale. La puéraire. 
La bardane d'eau. 
Le poulain. La grêle. Le bambou nain. 
La violette à feuilles rondes. 
Le lycopode. L'avoine d'eau. La sarcelle. Le canard mandarin. 
Les massettes poussées ça et là, en automne
Le gazon. La liane verte. 
Le poirier. Le jujubier. Le "visage du Matin"."

Sei Shônagon, Notes de chevet

mercredi 4 décembre 2013

 

Je ne veux qu'un lecteur pour mes poèmes :
Celui qui me connaît - celui qui m'aime -
Et, comme moi dans le vide voguant,
Voit l'avenir inscrit dans le présent.
Car lui seul a pu, toute patience,
Donner une forme humaine au silence ;
car en lui seul on peut voir comme en moi
S'attarder tigre et gazelle à la fois.


Attila József 11.04.1905 - 03.12.1937